jeudi 11 octobre 2007

[Histoires] Un vrai backstage dont on se souvient longtemps.

Je vais raconter l’histoire d’une journée incroyable, le genre de journée où l’on se métamorphose pour devenir une autre personne, une journée comme il en arrive rarement dans une vie. Et pour cause, les superlatifs ne manqueraient pas de se dérober sous mes doigts fébriles, rien qu’à l’idée de revivre par la pensée ces quelques heures qui furent riches en émotion.

Ça s’est passé le 14 Octobre 2006, à Lille.

14h. Je me préparais à voir encore une fois LE groupe dont je suis tombé amoureux il y a quelques années déjà, Archive. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, Archive est un collectif anglais qui s’est d’abord orienté vers le trip-hop, puis vers la pop, pour enfin nous plonger dans un électro rock psychédélique puissant depuis leur album « You All Look The Same To Me » (2002) fortement inspiré par Pink Floyd, et Kraftwerk, entre autres. (Si vous voulez une bio, je me ferais un plaisir de vous l’écrire, mais je n’ai pas envie de détailler davantage pour le moment). Et c’est cette partie là qui nous intéresse. BREF ! Je me préparais donc, avec mon zoli-t-shirt-acheté-à-un-concert aux Nuits Botaniques (oui, je suis une groupie, mais j’assume), et un petit autocollant fait maison sur mon sac où l’on pouvait lire « Si vous voulez rencontrer Archive, suivez-nous ! ». Que de suspens me direz-vous…

14h30. Je me dirige vers la FNAC où Archive donne un petit showcase prévu pour… 17h ! J’ai prévu large. Je me suis dit qu’il y allait déjà avoir une foule de groupies prêtes à lancer leurs zolis-t-shirts-achetés-à-un-concert au nouveau chanteur, dont les yeux bleus ne manquent pas d’alimenter les sujets sur leur forum officiel. Personne. Tant mieux. Au bout de quelques heures (sic !) quelques mecs arrivent, on squatte devant la salle, on papotte, je fais écouter mes supers B-Side de-la-mort-que-même-sur-eMule-tu-peux-pas-les-trouver-histoire-de-bien-me-la-péter. Bref, histoires des fans…

16h30. Il y a de plus en plus de personnes, et certains attendent même dehors, come quoi, j’ai bien fait…

17h. Ouverture de la salle du showcase. Un monsieur un peu dépassé par les évênements nous dit que les photos sont interdites, consignes du manager, alors que sur le site du groupe, on peut poster les photos, vidéos, et enregistrements que l’on a fait en concert. Sont vraiment cons dans l’industrie musicale quand même…
Début du showcase. Ce qui est bien avec Archive, c’est qu’ils arrivent aussi bien à créer du gros son, bien carré et électro dans une grande salle, et jouer le même morceau avec deux guitares acoustiques et un petit synthé dans des salles plus intimes. On est là, tous assis par terre comme des écoliers, écoutant religieusement les jolies mélodies épurées d’un Archive encore trop méconnu, le Archive songwrited, celui qui se cache derrière les gros arrangements électriques pour laisser une plus grande part à l’émotion, l’épure. Voici la tracklist du showcase (ou du moins, les noms des titres dont je me souviens…) : Lights, Meon, Fuck U, I Will Fade, Pulse.

17h30, fin du showcase. Pas d’autographes, ils devaient partir tôt. Certainement pour finir la balance pour le concert du soir, ou plus probablement pour aller boire quelques bières avec leurs potes venus d’Angleterre. Il y avait aussi pendant cette même journée l’ouverture de la parade de Lille 3000 avec les éléphants d’Asie tout ça donc, ça risquait d’être compliqué de circuler. Je retrouve mon ami Olivier, coincé dehors, surpris qu’il y ait eu autant de monde. (Et c’est là qu’on se dit que le succès d’un groupe que l’on a connu quasiment à ses débuts nous échappe). Je retrouve également Chris et Tina, venus spécialement d’Allemagne pour assister à cette fabuleuse journée (le genre de T R V E fans capables de faire 5000 kms pour 3 heures de concert…). On papote (mais cette fois, tout le monde doit parler anglais) et on sort. Là, Je vois Chris s’éloigner et aller claquer la bise au batteur qui trônait majestueusement près de la sortie avec une binouse à la main (je le savais !!!). Je m’avance, et là je vois tout le groupe, on échange quelques mots, quelques remerciements-félicitations d’usage, on leur dit qu’on les reverra au soir, ils sourient, nous nous éloignons.

18h. Chris et Tina décident d’aller manger un morceau en ville, et de visiter un peu en attendant le concert du soir au Splendid. Olivier et moi partons directement pour rejoindre d’autres amis devant la salle du concert, des sandwitches en potche.

18h30. Les amis nous ont rejoins, le froid aussi. Là, on papote avec un mec qui a dû voir Deep Purple et Nirvana en vrai (chose commune pendant ces journées, on est obligé de raconter ses impressions, comme si c’étaient les meilleures du mondeuh).

20h. Chris et Tina nous rejoignent, et sont ravis d’avoir pu apprécier un vrai bon kébab français.

20h30. Ouverture des portes. C’est pas trop tôt, ça commençait à bien cailler… On va se réchauffer à la foule !

21h. Début de la première partie. Le groupe qui devait faire la première partie s’est décommandé pour toutes les dates en France. Tant pis. À la place, c’est Dave Penney, l’un des chanteurs du groupe qui assure un DJ Set à la binouse (je le savais !!!) ma foi pas inintéressant (on retiendra des bons morceaux de Eels, Portishead, et un remix de leur morceau Veins, qu’on a pas manqué de chercher désespérément, nous, les T R V E fans, en vain…).

22h30. Sans doutes quelques problèmes de son, car le groupe commence vachement tard. C’est pas grave, je vais recevoir LA claque que j’attendais depuis des semaines, le truc qui m’a rendu aussi tendu toute la journée que le string de Clara.M-O-R42 3009 lavé à 80° sans Mirlaine. Bref, les premières notes retentissent et je reconnais Lights, un gros son psyché bien grave avec son lot de synthés vintages qui font bien planer. Morceau « raccourci » à 10 minutes , mais tout de même très intense.
Puis vient Numb. Et là, je suis trempé. Si y a bien un morceau qui me fait transpirer en 15 secondes chrono, c’est bien celui-ci, surtout en live. Un pur son rock, un riff implacable, une rythmique métronomique et une montée en puissance archivienne tout ça réunis en 5 minutes… J’ai déjà mal aux genoux. Puis j’oublie.
Re grosse claque. Bridge Scene. Et là, je me souviens deux ans plus tôt, lorsque je les ai rencontré pour la première fois à Paris, dans un petit café à Montmartre, lors du mixage de leur album Lights. Je demandais à Danny Griffiths, l’un des deux leaders du collectif « Pourquoi vous ne jouez pas Bridge Scene en live, elle dépote ! », et Danny qui me répond « c’est pas une mauvaise idée, mais c’est un morceau difficile à arranger, il faudrait y travailler… ». Je me plais à penser qu’ils m’ont écouté ce jour là. Le fantasme de tout fan qui se réalise… Bridge Scene donc, grosse claque. Le morceau commence doucement, puis monte avec les coups de batteries, comme des canons qui vous propulsent vers le fond de la salle pour mieux vous faire planer en vous soulevant du sol.
Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas. Mais ils ont tous un point commun : ça passe vite… Noise, où la fusion du blues avec l’électro-rock. You Make Me Feel, Sane, Sit Back Down démontrent que la puissance que degage le groupe sur scène n’est plus à démontrer. Les émotions plus subtiles ne sont pas en reste avec des titres comme Veins, Headspace ou l’énormissime Again. Dans tous les sens du terme.
D’une part, ce morceau est un bel exemple concret de la théorie de la relativité, puisqu’il arrive à étirer le temps tout en le faisant paraître bien trop court (16 minutes de pur bonheur). D’autre part, l’émotion qui nous envahit lors de l’écoute de ce morceau n’a d’égal que le plaisir que l’on peut partager dans les bras de la personne qui nous est chère. Vous savez, le genre de morceau parfait pour faire l’amour, qui commence doucement, puis se termine en apothéose. Again en fait parti (presque aussi bon que Starless de King Crimson…).
Un petit rappel, System, qui fini de nous achever. Chris se retourne dès lors qu’il entend ma voix de tête qui arrive à dépasser la puissance sonore des cris de la foule, des basses, des mecs bourrés du fond, et des 500 groupies en chaleur, mais ça, c’est déjà plus normal. J’entends comme une fausse note provenant du synthé de Darius Keeler (leader du groupe), qui n’en fini plus de secouer sa tête sur les rythmes frénétiques d’un System up tempo à faire danser un paresseux neurasthénique.
Et le concert se termine, je n’en finis plus de suinter le Archive dans mon pauvre zoli-t-shirt-acheté-à-un-concert, et je me dis que cette journée fut vraiment incroyable. Je me trompais, car elle était loin d’être terminée…

23h. Nous sortons de la salle, tous dégoulinants (signe d’un concert réussi). Et nous échangeons nos impressions sur ce que nous venons de vivre. Chris s’éloigne, et va faire un tour derrière la salle. Tina et moi échangeons quelques mots. Elle me raconte comment elle les a rencontré la première fois en Grèce, puis en Irlande, en Allemagne bien sûr. Je bave, j’aime les jolies histoires. Puis Olivier nous rejoint, tout fou d’avoir eu son « Numb » (je l’ai observé pendant le morceau, je crois bien qu’on était les deux seuls à sautiller partout !).

23h30 Chris revient avec un plan en main : « J’ai papoté un peu avec leur manager, ça fait plaisir de le revoir ! Il m’a filé un plan pour les rejoindre en ville dans un bar, la Mangrove, vous connaissez les gars ? On y va ! »
Et là, j’hallucine, je m’apprête à faire l’after du concert avec Archive… On saute tous dans la voiture, et c’est parti.

0h15 Après avoir un peu galéré, on arrive enfin devant le bar en question. « C’est bien là ? » « Ouais ouais, c’est la Mangrowwe ! » me répond Chris avec son charmant accent. Nous entrons fébrilement. Nos yeux sont à l’affût, il y a beaucoup de monde. « C’est pasla chanteuse là ? » « Si si, c’est Maria ! Hey, hello Maria ! ». Chris lui claque la bise. Tina le suit. J’avale ma salive. « Merci pour votre concert, c’était vraiment exceptionnel, un des meilleurs concerts que j’ai jamais fait ! » (oui, c’est vrai, ils avaient un excellent son, bien meilleurs que tous leurs précédents concerts. Pensée qui a été confirmée par la suite lors de quelques discussions avec Chris et Tina). « Merci pour tous, et j’espère à très bientôt ! ». Maria est du genre timide, et ça les rend encore plus attachants.
Tina me raconte que c’est la première fois qu’elle rencontre Maria, car d’habitude, après les concerts, elle va viote se coucher, pour préserver sa voix. Mais apparemment, ça devait être une occasion spéciale ce soir…
Nous descendons dans l’autre salle, et nous voyons tout le monde. Darius et Steve (le guitariste) viennent nous dire bonsoir et nous expliquent qu’ils ont vraiment apprécié le concert du soir. Darius veut absolument nous offrir des bières (j’en reviens quand même pas, avec le recul, ça s’est vraiment passé comme ça !). On fait le tour, on dit bonsoir à tout le monde. On se sent un peu comme un cheveu sur la soupe, car ils sont là, entre potes, et on débarque de notre petite planète… Je me force à penser « ce sont des gens comme nous Ju, ils boivent de la bière entre potes, font la fête, tout ça… Sauf qu’ils font de la putain de bonne zik ! » La batteur drague quelques nénettes dans un coin. Les autres parlent un peu partout, semblent très pris. Bref une soirée entre potes classique, mais avec le groupe qui vient de te faire transpirer pendant deux heures.

1h. Darius revient avec les bières. Il s’excuse, il y avait du monde au bar. Je m’excuse pour lui, et le remercie pour se rendre disponible. Il m’explique que c’est normal, qu’il apprécie beaucoup de passer du temps à échanger avec les fans, que ça fait parti de leur inspiration, et que ça fait toujours plaisir, quoi qu’on puisse en penser.
Et là, il me lance quelque chose dont je me souviendrai encore longtemps « t’avais pas de barbe la dernière fois qu’on s’est vu, si ? ». Comme je le racontais plus haut, j’avais déjà rencontré le groupe à Paris, pendant quatre heures dans un petit café parisien. J’hallucine un peu qu’il puisse se souvenir de moi alors que j’ai du mal à retenir ne serait-ce que les prénoms de mes collègues au taf. Bref, je suis un peu hébété, je lui lance tant bien que mal un faible « oui ». Il m’explique alors qu’il avait été ravi de rencontrer ces quelques fans pendant le mixage de leur dernier album à Paris. Toujours un peu sonné par l’impressionnante mémoire de Darius, je continue la discussion sur justement celles que l’on avait abordés à Paris. Leur prochain album, la production, les concerts, leurs films préférés, leurs impressions en concert… Bref, vraiment de tout.
Je dis à Darius que j’ai trouvé le concert excellent, mais qu’à un moment, vers la fin, le clavier sonnait un peu faux. Il prend sa tête dans ses mains, et m’explique : « C’est assez embarrassant, car c’est très stupide ! En fait, pendant que je jouais, je me donnais vraiment à fond. Tellement à fond que je suais comme pas possible (je n’étais donc pas le seul…). Une goutte de sueur a dû tomber sur le clavier, se glisser à l’intérieur et créer un faux contact entre deux touches, ce qui faisait que quand j’appuyais sur un note, le clavier en jouait deux. D’ailleurs, on a annulé le second rappel pour ça, c’était pas possible de jouer avec un instrument qui sonnait faux… ».
Ou comment niquer un rappel avec une goutte de sueur… Grrr !!!
Puis il s’excuse une nouvelle fois, pour aller parler avec d’autres personnes, il me refait la bise et s’éloigne.

2h Nous continuons notre petit tour, mais je suis un peu terrorisé à l’idée de leur parler… Du coup, je prend mon courage à deux mains, et je vais voir Pollard (un des chanteurs, celui qui a les beaux yeux bleus…). On papote juste vite fait, car Chris et Tina se sont proposé de nous raccompagner. De toute façon, on avait pas envie de trop traîner, on ne veut pas non plus trop s’imposer dans ce genre de situation. On dit juste qu’on a vraiment apprécié leur concert, et qu’on avait hâte de les revoir au Zenith à Paris, leur premier « gros » concert devant 8000 personnes venus rien que pour eux… Pollard me dit qu’il est un peu stressé à cette idée, mais qu’il va se donner à fond, et faire en sorte que ce concert soit fantastique.
Nous disons donc au revoir à tout le monde, et quittons les lieux… Chris et Tina nous raccompagnent chez nous, et on se dit au revoir, à une prochaine fois. Ma tête est encore pleine de jolies rêves, je vais avoir le sourire pendant au moins une semaine. Je me dis que j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir parler avec le groupe que j’admire depuis maintenant pas mal d’années. Que peu de personnes ont cette chance de pouvoir réaliser ce genre de rêve, et que, même réalisé, ça leur confère une dimension plus humaine, pas du tout frustrante, au contraire. La musique s’en trouve beaucoup plus accessible quelques part, les choses et les perceptions en sont totalement modifiées.

Fin de la belle journée. Ça fait un peu Fan 2, mais je me dis que je m’en fous, que j’ai pu avoir des discussions très intéressantes avec le groupe, et qu’ils sont très accessibles malgré leur notoriété grandissante.

Avez-vous déjà vécu quelque chose de similaire ? Une journée, une rencontre avec un artiste/groupe que vous admirez ?

2 commentaires:

Olivier a dit…

SI!!!!!!!!!!!!!!!!!

Archive!!!!!!!!!!!!!!
à Montmartre, bizarrement hein ;)
Au Zénith ( tu nous as manqué là-bas)
Au Showcase et à Cannes!!!!

Sinon Blog sympa, j'y reviendrai

Oxo

Unknown a dit…

Moi j'ai vu quelque chose de similaire !

NUMB, putain !