mercredi 24 octobre 2007

[Chronique] The Evpatoria Report – Golevka.

Résumé de l’épisode précédent : non, en fait, relisez ceci

http://chroniquesdebroz.blogspot.com/2007/10/biodcouverte-pourquoi-clint-mansell-est.html

Un mercredi soir, 21h30. Jérémie rentre du basket. En posant ses affaires, il découvre un mot laissé en évidence sur le plan de travail de la cuisine : « Je suis partie à une soirée entre copines, il y a une pizza au congélateur. Bonne soirée poussin ! Bernie ». Un « Yeeeeeeeees ! » jubilatoire se fait retentir dans toutes les pièces de la maison. « Marathon WoW en vue ! ». Pizza enfournée, siège déplié, canette de coca déposée, sachet de Twix éventré, Jérémie était paré à croiser la souris et le clavier avec des trolls pixélisés. Mais il n’était pas au bout de ses surprises…

Lorsqu’il voulu ouvrir une session, quelle ne fut pas sa surprise lorsque son ordinateur lui réclamait maintenant un mot de passe. « Samayr la dinde ! » grommèle notre jeune padawan, « c’quoi c’délire ?! ». Résolu, et légèrement agacé, Jérémie se décide à cliquer sur [Invité]. Nouvelle surprise ! Impossible d’accéder au contenu du pc, une petite boîte s’ouvre dans laquelle s’inscrit en lettres grasses « Restriction Administrateur » à chacun des pauvres clics de Jérémie. Sur le bureau, rien d’autre que des raccourcis vers le navigateur Internet, le gestionnaire de courriels, et un mystérieux fichier texte nommé « Petit guide de survie... ». À la lecture de ce dernier, notre cher ami comprit que ses plans allaient être quelque peu atermoyés.

« Poussin,

Je sais que tu vas pester, mais ce soir, je joue au despote éclairé. Tu sais que je t’aime énormément mais j’en ai marre de ton horrible musique et de ton manque de curiosité. Alors j’ai décidé d’organiser un petit « jeu de pistes » (tu comprendras très vite où je veux en venir), en te faisant apprécier une musique que tu n’as pas l’habitude d’écouter, histoire de voir jusqu’où tu es borné.

Comme tu as pu le remarquer, j’ai volontairement bridé ton ordinateur afin que tu n’aies pas accès au reste du pc ; et ne cherche pas dans tes placards, j’ai aussi caché tes cds dans un endroit de la maison que je te dévoilerai au bout de ce jeu. Ne tente pas non plus de te connecter aux autres sites que ceux que je te donnerai, j’en ai verrouillé les accès… »

« Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! » Jérémie n’en revenait pas. Sa mère était devenue une accros du net et aux nouvelles technologies, de la culture underground, une sorte de néo-hippie qui défend le droit à une autre culture, et pire que tout, elle avait décidé de faire partager tout ça avec son fils.

Ce dernier continue sa lecture. « Ce soir, c’est soirée découverte mon chou. Je t’explique le principe : tu vas aller sur un site que j’ai mis à ta disposition pour écouter un album. Au fur et à mesure que tu avanceras dans l’écoute des pistes (tu commences à comprendre maintenant ?), tu recevras automatiquement des petits mails que j’ai préparé avec beaucoup d’amour t’expliquant pourquoi tu entends telle ou telle choses, l’histoire du groupe, leurs diverses influences, ne serait-ce que pour élargir un tout petit peu ton univers musical aussi fermé qu’une moule enrhumée. En récompense à ce jeu, je te donnerai le mot de passe de ton pc, ainsi que l’endroit où se trouvent tes cds, bon deal non ? L’écoute totale dure un tout petit peu plus d’une heure… je pense que tu y survivras ! Bien sûr, il va s’en dire que si tu sautes une étape, rien de tout cela ne fonctionnera :) ».

Jérémie était maintenant totalement circonspect. « Mais quelle sadique !!! » Il en était réduit à suivre les injonctions de sa mère, chose à laquelle il essayait tant bien que mal d’échapper. Mais là, elle avait frappé fort. Aucun respect pour ses disques de Green Day ou bien ? Mais merde, c’est pas si pourri Good Charlotte ! « Bon, c’est qu’une heure, et après zou, à l’assaut pour niquer ces connards d’elfes ! ».

Il termine sa lecture. « Voici le point de départ de ton voyage Poussin : http://brozev.free.fr .C’est un Radioblog contenant les six pistes de l’album dont je vais te parler pendant cette heure. Commence bien par la première piste, tu recevras le premier mail contenant quelques informations… Bonne écoute Poussin ! ».

Pas le choix, Poussin ouvre donc le navigateur. « Non, mais c’est abusé, j’suis sûr qu’elle me fait flipper avec ces histoires de bridage toussa là. » Jérémie essaye donc quelques adresses Internet au hasard. Systématiquement, il tombe sur une erreur 404. « Samaaaaaaaaayr !!! ». Plus de doute, il fallait suivre les indications… La page se charge, et Jérémie découvre le Radioblog en question. Pas de titre, pas de nom de morceaux, juste « piste 1 », « piste 2 » etc. Maman Poussin complique la donne ! Jérémie lance alors la première piste. Des sons sourds, graves s’échappent de ses enceintes. Des guitares s’étirent pour créer un espace nouveau, comme si une dimension venait de s’ouvrir dans la pièce. Une petite icône clignotte en bas de l’écran, le premier mail vient d’arriver.

« De : bernadetteinthesky@gmail.com À : d4rks1d3f0r3st@hotmail.fr

objet : Piste 1, le départ « Prognoz »

Voilà Poussin, bienvenue au début de ce voyage. La première piste que tu écoutes s’intitule Prognoz. Elle est extraite de l’album Golevka du quintet rock suisse The Evpatoria Report, sorti en 2005. Tu as sans doute dû remarquer que la musique prend son temps, que les mélodies ont d’abord laissé place à une certaine ambiance, et que surtout, il n’y a pas de chanteur qui braille des poncifs aussi lourds qu’une recette de Maïté. C’est ce qu’on appelle du Post Rock. Quel drôle de nom tu me diras, mais peu importe. Écoute ce qui sort de tes enceintes. Lentement, les guitares deviennent de plus en plus intenses. Une rythmique lancinante s’installe et te berce.

Et à 3’37’’ c’est l’explosion, comme si tu venais d’entrer dans une supernova. Tu sens les brûlures de la batterie et des guitares déferler, et tu es déjà très loin. Puis revient le calme, comme si l’espace sidéral s’ouvrait enfin à toi. Tu te laisses guider par ce violon qui fait écho à ce cataclysme.

5’52’’, la guitare revient et tu te balances sur la valse de cet arpège. C’est trop tard, tu es surpris à hocher la tête comme un autiste, mais tu es bien dans ce nouveau monde qui s’offre à toi. Tout s’enchaîne, la batterie t’enfonce encore un peu plus loin dans cette danse à trois temps. Jusqu’à la nouvelle supernova.

10’25’’, savoure cet instant, jusqu’à la dernière note. C’est bon n’est-ce pas ? Je te laisse, jusqu’au prochain mail… »

Les doutes de Jérémie se sont dissipés ; Bernadette était peut-être étrange, mais elle avait de bonnes idées parfois. Ça n’était plus une simple écoute, mais une grosse baffe dans la gueule de toute sa culture musicale, il ne comprenait pas vraiment que l’on puisse construire de musique ainsi. Il avait trouvé ça long au début, intriguant par la suite et maintenant, il était dans l’expectative du prochain mail. L’envie d’en savoir un peu plus sur le groupe le démangeait, presque autant que la frustration de ne pas pouvoir se servir de son ordinateur. Le son sourd à la fin de Prognoz, et Jérémie se rend à peine compte qu’il est déjà sur la piste deux.

Des bruits et des voix issue d’une communication spatiale se font entendre. Ça ne fait que confirmer les impressions déjà très présentes de Jérémie. Cela confère à cette musique une dimension très cinématographique, comme si une navette dérivait dans le vide, mais sans aucune crainte, sachant pertinemment qu’il n’y aura pas de fin tragique. Et les guitares et le violon appellent à cette lueur d’espoir. Clignotement, Jérémie clique sur le nouveau message.

« De : bernadetteinthesky@gmail.com À : d4rks1d3f0r3st@hotmail.fr

objet : Piste 2, toujours plus « Taijin Kyofusho »

Je sais à quoi tu penses, je te l’avais dit ! Un véritable voyage interstellaire ! Savais-tu que Evpatoria est une ville d’Ukraine dans laquelle se trouve un observatoire de vie extraterrestre ? Pendant que tu apprécies cette deuxième plage, je m’en vais t’en dire un peu plus sur le groupe dont il est question. The Evpatoria Report donc, formation helvète composée de cinq membres : deux guitares, une basse, une batterie, et un clavieriste/violoniste. Ils ont déjà sorti en 2003 un EP contenant deux pistes (Naptalan et Voskhod Project que tu peux télécharger ici : http://www.the-evpatoria-report.net/sounds.html ) déjà très prometteuses. En 2005 sort leur premier album, que tu es actuellement en train d’écouter, intitulé Golevka, et publié chez Shayo Records. Ils leur arrivent parfois de partager la même scène avec des groupes comme Mono (très proche de Mogwai, un peu trop même), ou les Red Sparrowes. Comment pourrais-je définir cette musique ? Je te parlais de Post Rock tout à l’heure, qui pourrait se définir comme un rock privilégiant l’émotion et l’atmosphère générale plutôt qu’à un étalage de démonstration technique, ou à de l’onanisme du secouage de manches en tout genre ! Non, ici on prend son temps, on laisse se développer les paysages, ou chaque piste est comme une nouvelle planète à explorer. Je pense à des groupes comme Godspeed You ! Black Emperor, Mogwai, et Explosions in the Sky que je te recommande fortement. Mais aussi des moins connus comme Yndi Halda, Tristeza, ou Sebastien Schuller dont je te parlerai certainement un jour, ou alors que tu découvriras par toi-même ! La plupart de ces gens puisent leur inspiration dans une musique proche d’une construction classique, permettant à chaque atmosphère de se développer pour créer davantage de complicité avec l’auditeur, et le transporter dans des paysages dont lui-seul pourrait en dépeindre les couleurs. Mais reprenons là où nous en étions…

2’35’’, la batterie fait son entrée, tu es pris dans l’attraction de cette nouvelle planète, et au lieu de descendre comme cela serait logique, tu montes, tu montes… 5’25’’, ce petit riff intriguant t’emmènes dans des chemins tortueux, toujours vers cette pente ascendante, jusqu’au point de non-rupture… Bon voyage poussin ! »

Poussin est parti loin maintenant, et il ne reviendra pas de si-tôt. Tout au long de ses lectures, il vogue sur le web au gré des différentes pistes, allant de sites en sites (notamment myspace.com/theevpatoriareport, ou encore ceux des groupes cités par sa mère) tout en continuant son exploration interstellaire. Les pistes s’enchaînent, ainsi que les mails. Bernadette continue de décrire avec amour ces différentes planètes que composent le système Golevka. La troisième piste, Cosmic Call, est comme son nom l’indique un appel à l’harmonisation et à la communion avec cette douce mélancolie qui anime les vides les plus latents, mais toujours teintés d’une douce lumière, comme une aube sans fin. Puis C.C.S. Logbook, un peu plus enlevé. C’est véritablement les guitares et la batterie qui s’imposent, pour inviter à un voyage mouvementé dont la fin abrupte laisse supposer comme une volonté de ne pas résoudre cette tension qui anime parfois les conflits entre instruments, chose qui finalement révèle l’intérêt de se plonger à nouveau dans une introspection, afin de continuer le voyage. Ce que fait parfaitement Optimal Region Selector, nous faisant partager cette ambivalence entre violence et déchirements, onirisme et volupté. Puis vient le sixième et dernier mail, Jérémie clique fébrilement sur l’enveloppe.

« De : bernadetteinthesky@gmail.com À : d4rks1d3f0r3st@hotmail.fr

objet : Piste 6, l’apothéose « Dipole Experiment »

Nous voilà arrivé à la fin de notre voyage Poussin. Comme si le quintet rock ne suffisait pas à exprimer l’entièreté de leurs possibilités émotives, ils leur arrivent de collaborer avec des ensembles tels que L’Orchestre de Ribaupierre ou l’Union Chorale de Vevey. Je te laisse imaginer ce que ce mélange peut donner. Nous ne sommes plus du tout dans le rock, mais dans une composition pour un orchestre ou les guitares appuient les chœurs, les cordes répondent aux passages électroniques/ambiants et où la batterie donne la profondeur d’une composition implacable. Je te laisse savourer cette dernière piste Poussin, car je sais que tu l’écouteras jusqu’au bout. Était-ce si horrible ? J’en doute, sinon tu aurais passé la soirée à chercher tes cds dans toute la maison. Oh, pendant que j’y pense, ils sont dans le garage, derrière les poubelles, que je te demanderai de bien vouloir sortir en passant :). Comme tu as été sage, voici le mot de passe de ton ordinateur : p0u551n, tout simplement, ah ah ! Je ne rentrerai pas avant demain matin, bonne nuit ! »

Jérémie ne lisait plus, il était parti sur sa nouvelle planète. Malgré ses côtés un peu rustre, il n’était pas insensible à certaine chose, et le cadeau de Bernadette ce soir avait fait mouche. Il était résolu à ne plus rester indifférent à sa curiosité, et avait déjà lui aussi quelques projets en tête.

À suivre…

jeudi 11 octobre 2007

[Rock on Lille] Curry & Coco "Put on your dancing shoes !"

Imaginez un coucher de soleil sur une plage de sable fin sous les tropiques asiatiques, des palmiers, des vahinés qui viennent vous servir votre péket du soir, et vous, savourant pleinement cet instant de calme et de volupté. Et bien Curry and Coco, c’est pas du tout ça. Dans la famille Uncle Fabrik (maison de management s’occupant aussi de groupes locaux tels que les Lena Deluxe, ou de Birthday Pony, entre autres), je demande les plus barrés ! Si tu aimes les petits shorts jaunes, les ambiances sucrées acides high tempo, bouger les pieds sur le dancefloor mieux que Bernard Menez, alors continue de bouger tes yeux de gauche à droite comme tu le fais avec amour jusqu’à maintenant.

D’emblée, ces deux charmants trublions donnent le ton (et le ton, c’est bon). D’un ego surdimensionné surgit la galette « They said "who's next ?" … we say : "us" !», et oui, c’est bien une référence au psycho déjanté album des Who que le duo fait, s’inscrivant dans la suite logique d’un rock sous acide dont les pionniers entamaient déjà l’aventure en 1971 (sic !). t pourtant, point de guitare, car en fait, ils n’en ont pas besoin , et c’est tant mieux car ils perdraient en originalité et en spontanéité. Mais une petite présentation s’impose, avant d’entrer dans le vif de leur cuisine. Coco, c’est le blond en mini short jaune sur son synthé analogique dont le son est tout droit sorti d’une BO de Pierre Richard qui aurait mis le mode 45 tours, et dont la voix sur-aiguë et légèrement éraillée donne également envie de crier comme un putois sur les gimmicks jubilatoires de leurs compositions. Et Curry, ben c’est l’autre, le grand brun barbu qui tape comme un poney sur sa batterie vintage. De temps à autre, en live, il chante aussi, mais c’est plus anecdotique.

Ce mélange détonnant prend toute son ampleur dès la première écoute. En effet, les guitares rangées au placard, c’est le clavier bizarre qui se voit octroyer le rôle de groovebox, de soliste, et d’accompagnement, ce qui n’est pas une mince affaire, mais le petit Coco s’en sort fichtrement bien ! Ça groove, ça paf, ça wizz, ça pétille, ça paillette, et ça décapsule ta bière plus vite que toi, mais en pire ! « Day of May » démarre comme un bon vieux morceaux des seventies, une intro grandiloquente, s’enchaînant rapidement de passages mêlant glockenspiele et caisse claire. Puis tout s’accélère, et se mélange, on se croirait dans un morceau sorti tout droit de Lucile, Amour & Rock N’ Roll (N.d.B. : faudrait que je fasse une propa un jour sur Tristan et consorts)… « Radio Hit » est, comme son nom l’indique, tout sauf du standard pré-mâché pour midinettes en manque de sensations fortes. Le clavier sonne comme une guitare heavy, et la batterie donne directement envie de lever son popotin et de suivre les injonctions d’un Coco en transe, ça grimpe, la sauce prend vite, et on reste un peu sur sa faim, vivement l’album (prévu pour début 2008) !

Et c’est en live que le groupe prend toute son ampleur. Vous invitant dans la danse, les deux loustiques ne manquent pas d’humour, et ça aussi, c’est bien. Curry, levant ses baguettes vers la foule, Coco qui n’en peut plus et se déchaîne sur son petit synthé à la puissance insoupçonnée… Bref, Curry and Coco, c’est une cuillérée du fun, un zest de wizz psychédélique vintagement drolatique, et un peu barré sur les bords, une bonne pincée de rock seventies, et un chouia de punch. Vous en reprendrez une petite louche ?

http://myspace.com/curryandcoco

[Rock on Lille] Gomm, guitares synthético-vintage.

À l’instar d’une icône glam-pop qui criait à qui voulait bien l’entendre que « c’est un peu collant sur le coup, (mais) le colorant met du goût », la Gomm que je m’en vais vous présenter aurait plutôt tendance à te soulever les pieds du sol, et à te donner envie de remuer des genoux, tel un Forest Gump en pleine crise de croissance.

Et pour cause, ce groupe lillois, formé à la fin des nonanties, s’inscrit dans une tradition punk-rock énergique, tout en flirtant avec l’electro et la pop, où les guitares viennent flirter avec de bons gros vieux synthés analogiques (d’où le titre de la propa !), où les voix s’appellent et se répondent, et où la rigueur des constructions hypnotiques des morceaux n’a d’égale que la synergie développée par les musiciens. Gomm, c’est un acronyme bien glucose : Guillaume aux claviers, Olivier à la batterie, Marie au chant (rhaa lovely !), et Mathieu à la guitare. Tout ce beau monde dégage une énergie incroyable sur scène, et c’est ainsi qu’ils se font leurs premières armes.

C’est en tournant un peu partout dans la région, mais surtout en se faisant remarquer hors de celle-ci que Gomm commence à se faire un nom. 2002, le groupe sort son premier EP autoproduit intitulé « Break Machine », contenant quelques titres comme « I Need » ou « Break Machine » qui définissent déjà la marque de fabrique du groupe. Par ailleurs, l’identité visuelle du groupe est déjà assurée par King Moka (qui réalisera les visuels de tous leurs albums, ainsi que du site internet), qui s’inspire fortement d’une ambiance vintage, mêlant collages de vieilles photos et design hype contemporain. Les expériences scéniques s’enchaînent (premières parties de nombreux groupes tels que Venus, Girls in Hawaii, ou encore Nada Surf, festival de Dour en 2002), et permet au groupe d’enregistrer son premier LP en 2004 intitulé « Destroyed To Perfection ». L’ambiance scénique du groupe est pleinement retranscrite dans ce premier disque de onze titres, dont l’urgence des riffs rock implacables et la spontanéité des prises de sons font de ce disque une véritable bombe dans le paysage rock français.

Performances scéniques et contacts avec le public vont crescendo. De la première partie de Placebo à Arras pour le Main Square Festival en juin 2004 à la tournée des Forums FNAC, Gomm confirme son charisme et son assurance auprès du public, dont l’intérêt ne fait que croître. Le groupe continue son petit bout de chemin, signant en 2005 chez Pias et cherchant à expérimenter davantage les sons, et début 2006, ils entrent en studio pour enregistrer leur nouvel opus. La plupart des prises de sons se font avec les quatre musiciens ensemble, et c’est naturellement que le titre de l’album « 4 » est trouvé. Gomm va encore plus loin dans la conceptualisation et l’expérimentation de leur démarche : hyptnotiques rythmiques, compactes, claviers et guitares à l’image des voix masculines et féminines, s’entrechoquant, parfois se caressant pour mieux s’envoler ou se disputer. Bref, Gomm se singularise davantage en refusant les compromis, s’inscrivant dans la durée comme l’un des groupes les plus ambitieux et les plus décoiffants de la décennie (je pèse mes mots !).

Traditionnelles lianes :

http://gomm.free.fr/ (site officiel, avec quelques titres en téléchargement gratuit)
http://www.myspace.com/myspacegomm (comme son nom l’indique, n’est-ce pas)

[Classic Album] Hawkwind – Hall of the Mountain Grill.

Groupe : Hawkwind
Album : Hall of the Mountain Grill
Année : 1974
Label : United Artists Records
Genre : Space Rock

Tracklist :
Face A :
The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke)
Wind of Change
D-Rider
Web Weaver
Face B :
You'd Better Believe It
Hall of the Mountain Grill
Lost Johnny
Goat Willow
Paradox

Il est des albums qui sont souvent passés inaperçus au fil du temps, mais qui laissent une trace dans l’inconscient collectif, et dans l’inspiration des musiciens contemporains. Hawkwind en fait parti.

À la manière d’un Pink Floyd, Hawkwind s’engouffre dans les chemins d’un psychédélisme assumé, jouant à fond la carte des expérimentations entre renouvellement du genre folk, et gros son rock truffé d’électronique. La production de cet album est des plus réussies, car sur une forme très novatrice, on retrouve une composition très ancrée dans une certaine tradition blues, d’impros enregistrées, puis retravaillées à la sauce synthés. Ce disque est un voyage initiatique vers des contrées étranges et inconnues, comme protégé dans un doux cocon transparent, qui nous donnerait la possibilité d’envisager une expérience mystique unique, où chaque plage serait un nouveau lieu, dont on en ressortirait que transformé, recomposé qu’à la fin du disque.

Rien que pour vous mettre l’eau à la bouche (et ne pas vous gâcher la surprise, pour ceux qui ne connaîtraient pas), je vais vous « raconter » le premier morceau.
Ça commence fort avec « The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke) ». Dès l’intro, on sait qu’on partira loin : un véritable décollage de soucoupe volante, carburant aux nappes de synthés avec la disto à fond et aux doux riffs gibsoniens. Le style est donné. Le chant de Dave Brock nous entraîne avec lui dans son sillage, on a les pieds très très loin du plancher des vaches. On entre en stratosphère, d’ailleurs un solo de saxo nous fait coucou au loin, comme pour nous souhaiter un bon voyage. Le morceau se termine sur un riff avec de la disto à fond, mixée à de la voix, le tout sur un fond de charlé qui n’est pas sans rappeler la BO de Shaft (la série TV hein), über funky, et bien psyché aussi. Et ça monte, ça monte, ça gronde, et là, on est sur Jupiter. Merci monsieur Kubrick !

Pour le reste, à vous de l’écouter ; imaginez simplement que vous êtes dans l’espace, à une vitesse incroyable, qu’il vous arrive parfois de rencontrer des lutins égarés de planètes celtiques, des loups esseulés sur des satellites artificiels, des nuées de méduses volantes au milieu de champs d’astéroïde, et tout ça, en parfaite légalité.

Lianes :
http://www.hawkwind.com
http://www.starfarer.net/hwalbums.html
http://www.myspace.com/hawkwindofficial

[Bio/Découverte] Pourquoi Clint Mansell est un type bien ?

Parce qu’un soir de torpeur et de mélancolie, Bernadette, ne trouvant pas le sommeil après une énième journée de labeur, regardait encore une rediffusion de Vis Ma Vie dont le sujet était une strip-teaseuse se mettant à la place d’une mère au foyer. Comble du suspens, la jolie Amy était complètement désemparée lorsqu’il s’agissait de changer la couche du petit Antoine, la voix-off prenant alors un ton dramatique, et la musique se fut plus intense.

Parce que cette mélodie captivante accrocha son oreille, Bernadette était maintenant bien réveillée, et écoutait attentivement la montée de cordes, ponctuée d’une rythmique étrange, ressemblant à une machine d’usine en mouvement… Elle ne regardait plus du tout l’émission, et attendait patiemment le générique de fin afin de connaître le nom de la musique qui la sorti des brumes aliénantes TééFfunèstes. « Clint Mansell – Lux Aerterna ».

Parce que s’en suit un cercle vertueux. Bernadette ne peut résister à la sensation d’en connaître plus, d’en écouter plus. Elle décide de squatter le pc de Jérémie, espérant trouver davantage d’information sur ce mystérieux Clint Mansell, elle qui ne connaît finalement peu de choses à la musique si ce n’est quelques airs classiques qu’elle écoutait dans son enfance, les Pink Floyds dans sa période ado, et subissant les goûts de son mari Roger, tiraillés entre Johnny et Michel Sardou.

Parce qu’elle y apprend que Clint Mansell est né le 7 Janvier 1963, à Coventry en Angleterre. Qu’il est avant tout un compositeur de musiques de films. Que sa carrière a explosé avec le long métrage Requiem for a Dream en 2000, dont le morceau Lux Aeterna fut utilisé un peu partout dans des films, des séries, des émissions télé (dont celle qu’elle regardé encore il y a peu, mais qu’elle trouve bien fade maintenant…) tant la puissance et le lyrisme de la mélodie exprimaient pleinement les émotions qui surgissent de dedans la lucarne (ou de la toile, car c’est décidé, maintenant, Bernadette ira au cinéma). Que sa collaboration avec Darren Aronofski ne s’arrête pas là, puisqu’il composa également les musiques des films π en 1998, et The Fountain en 2006. Qu’il a aussi écrit les bandes originales, entre autres, de The Hole (2001), Doom (2005) (le jeu préféré de Jérémie, ça tombe bien !) et de Smokin’ Aces qui sortira cette année au cinéma.

Parce qu’avant ça, Clint était un peu comme Bernadette, une sorte de rebelle. Il faisait de la musique punk-rock-indus-avant-gardiste dans un groupe qui s’appelait Pop Will Eat Itself, qui connu son petit succès dans les années 80. Qu’il est toujours un rebelle dans l’âme, comme Bernadette, puisqu’il a fondé le label Vive La Revolucion! une sorte de contre-attaque à l’industrialisation massive de la musique et d’«art-terroriste » permettant de diffuser sa propre musique via des pressages limités de vinyles, rendant une part de valeur à la création musicale.

Parce que Clint écoute en boucle des musiques qui lui rappellent son adolescence, (Mogwai, avec qui il a travaillé sur la BO de The Fountain avec Kronos Quartet, et avec un nom pareil, c’est forcément super mignon ! Godspeed You ! Black Emperor, Sigur Ros, et M83, entre autres…) et que ça titille davantage sa curiosité, et que du coup, ça l’amène à reconsidérer sa propre envie de découvrir des choses ! C’est bon, Bernadette passera faire un tour à la FNAC et au vidéo club dès lundi soir, après le boulot. Bernadette pense qu’il n’est pas trop tard pour se faire un petit jardin secret culturel, d’autant plus qu’il y a encore tant à connaître…

Parce que Clint Mansell est un type bien.
Quelques lianes :

http://www.clintmansell.com/ <- Site Web officiel de Clint Mansell.
http://www.myspace.com/mansellclint <- Comme son nom l’indique.
http://www.myspace.com/themusicofclintmansell <- Encore un.
http://www.myspace.com/vivelarevolucionrecords <- MySpace de son label ambitieux.

[Histoires] Un vrai backstage dont on se souvient longtemps.

Je vais raconter l’histoire d’une journée incroyable, le genre de journée où l’on se métamorphose pour devenir une autre personne, une journée comme il en arrive rarement dans une vie. Et pour cause, les superlatifs ne manqueraient pas de se dérober sous mes doigts fébriles, rien qu’à l’idée de revivre par la pensée ces quelques heures qui furent riches en émotion.

Ça s’est passé le 14 Octobre 2006, à Lille.

14h. Je me préparais à voir encore une fois LE groupe dont je suis tombé amoureux il y a quelques années déjà, Archive. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, Archive est un collectif anglais qui s’est d’abord orienté vers le trip-hop, puis vers la pop, pour enfin nous plonger dans un électro rock psychédélique puissant depuis leur album « You All Look The Same To Me » (2002) fortement inspiré par Pink Floyd, et Kraftwerk, entre autres. (Si vous voulez une bio, je me ferais un plaisir de vous l’écrire, mais je n’ai pas envie de détailler davantage pour le moment). Et c’est cette partie là qui nous intéresse. BREF ! Je me préparais donc, avec mon zoli-t-shirt-acheté-à-un-concert aux Nuits Botaniques (oui, je suis une groupie, mais j’assume), et un petit autocollant fait maison sur mon sac où l’on pouvait lire « Si vous voulez rencontrer Archive, suivez-nous ! ». Que de suspens me direz-vous…

14h30. Je me dirige vers la FNAC où Archive donne un petit showcase prévu pour… 17h ! J’ai prévu large. Je me suis dit qu’il y allait déjà avoir une foule de groupies prêtes à lancer leurs zolis-t-shirts-achetés-à-un-concert au nouveau chanteur, dont les yeux bleus ne manquent pas d’alimenter les sujets sur leur forum officiel. Personne. Tant mieux. Au bout de quelques heures (sic !) quelques mecs arrivent, on squatte devant la salle, on papotte, je fais écouter mes supers B-Side de-la-mort-que-même-sur-eMule-tu-peux-pas-les-trouver-histoire-de-bien-me-la-péter. Bref, histoires des fans…

16h30. Il y a de plus en plus de personnes, et certains attendent même dehors, come quoi, j’ai bien fait…

17h. Ouverture de la salle du showcase. Un monsieur un peu dépassé par les évênements nous dit que les photos sont interdites, consignes du manager, alors que sur le site du groupe, on peut poster les photos, vidéos, et enregistrements que l’on a fait en concert. Sont vraiment cons dans l’industrie musicale quand même…
Début du showcase. Ce qui est bien avec Archive, c’est qu’ils arrivent aussi bien à créer du gros son, bien carré et électro dans une grande salle, et jouer le même morceau avec deux guitares acoustiques et un petit synthé dans des salles plus intimes. On est là, tous assis par terre comme des écoliers, écoutant religieusement les jolies mélodies épurées d’un Archive encore trop méconnu, le Archive songwrited, celui qui se cache derrière les gros arrangements électriques pour laisser une plus grande part à l’émotion, l’épure. Voici la tracklist du showcase (ou du moins, les noms des titres dont je me souviens…) : Lights, Meon, Fuck U, I Will Fade, Pulse.

17h30, fin du showcase. Pas d’autographes, ils devaient partir tôt. Certainement pour finir la balance pour le concert du soir, ou plus probablement pour aller boire quelques bières avec leurs potes venus d’Angleterre. Il y avait aussi pendant cette même journée l’ouverture de la parade de Lille 3000 avec les éléphants d’Asie tout ça donc, ça risquait d’être compliqué de circuler. Je retrouve mon ami Olivier, coincé dehors, surpris qu’il y ait eu autant de monde. (Et c’est là qu’on se dit que le succès d’un groupe que l’on a connu quasiment à ses débuts nous échappe). Je retrouve également Chris et Tina, venus spécialement d’Allemagne pour assister à cette fabuleuse journée (le genre de T R V E fans capables de faire 5000 kms pour 3 heures de concert…). On papote (mais cette fois, tout le monde doit parler anglais) et on sort. Là, Je vois Chris s’éloigner et aller claquer la bise au batteur qui trônait majestueusement près de la sortie avec une binouse à la main (je le savais !!!). Je m’avance, et là je vois tout le groupe, on échange quelques mots, quelques remerciements-félicitations d’usage, on leur dit qu’on les reverra au soir, ils sourient, nous nous éloignons.

18h. Chris et Tina décident d’aller manger un morceau en ville, et de visiter un peu en attendant le concert du soir au Splendid. Olivier et moi partons directement pour rejoindre d’autres amis devant la salle du concert, des sandwitches en potche.

18h30. Les amis nous ont rejoins, le froid aussi. Là, on papote avec un mec qui a dû voir Deep Purple et Nirvana en vrai (chose commune pendant ces journées, on est obligé de raconter ses impressions, comme si c’étaient les meilleures du mondeuh).

20h. Chris et Tina nous rejoignent, et sont ravis d’avoir pu apprécier un vrai bon kébab français.

20h30. Ouverture des portes. C’est pas trop tôt, ça commençait à bien cailler… On va se réchauffer à la foule !

21h. Début de la première partie. Le groupe qui devait faire la première partie s’est décommandé pour toutes les dates en France. Tant pis. À la place, c’est Dave Penney, l’un des chanteurs du groupe qui assure un DJ Set à la binouse (je le savais !!!) ma foi pas inintéressant (on retiendra des bons morceaux de Eels, Portishead, et un remix de leur morceau Veins, qu’on a pas manqué de chercher désespérément, nous, les T R V E fans, en vain…).

22h30. Sans doutes quelques problèmes de son, car le groupe commence vachement tard. C’est pas grave, je vais recevoir LA claque que j’attendais depuis des semaines, le truc qui m’a rendu aussi tendu toute la journée que le string de Clara.M-O-R42 3009 lavé à 80° sans Mirlaine. Bref, les premières notes retentissent et je reconnais Lights, un gros son psyché bien grave avec son lot de synthés vintages qui font bien planer. Morceau « raccourci » à 10 minutes , mais tout de même très intense.
Puis vient Numb. Et là, je suis trempé. Si y a bien un morceau qui me fait transpirer en 15 secondes chrono, c’est bien celui-ci, surtout en live. Un pur son rock, un riff implacable, une rythmique métronomique et une montée en puissance archivienne tout ça réunis en 5 minutes… J’ai déjà mal aux genoux. Puis j’oublie.
Re grosse claque. Bridge Scene. Et là, je me souviens deux ans plus tôt, lorsque je les ai rencontré pour la première fois à Paris, dans un petit café à Montmartre, lors du mixage de leur album Lights. Je demandais à Danny Griffiths, l’un des deux leaders du collectif « Pourquoi vous ne jouez pas Bridge Scene en live, elle dépote ! », et Danny qui me répond « c’est pas une mauvaise idée, mais c’est un morceau difficile à arranger, il faudrait y travailler… ». Je me plais à penser qu’ils m’ont écouté ce jour là. Le fantasme de tout fan qui se réalise… Bridge Scene donc, grosse claque. Le morceau commence doucement, puis monte avec les coups de batteries, comme des canons qui vous propulsent vers le fond de la salle pour mieux vous faire planer en vous soulevant du sol.
Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas. Mais ils ont tous un point commun : ça passe vite… Noise, où la fusion du blues avec l’électro-rock. You Make Me Feel, Sane, Sit Back Down démontrent que la puissance que degage le groupe sur scène n’est plus à démontrer. Les émotions plus subtiles ne sont pas en reste avec des titres comme Veins, Headspace ou l’énormissime Again. Dans tous les sens du terme.
D’une part, ce morceau est un bel exemple concret de la théorie de la relativité, puisqu’il arrive à étirer le temps tout en le faisant paraître bien trop court (16 minutes de pur bonheur). D’autre part, l’émotion qui nous envahit lors de l’écoute de ce morceau n’a d’égal que le plaisir que l’on peut partager dans les bras de la personne qui nous est chère. Vous savez, le genre de morceau parfait pour faire l’amour, qui commence doucement, puis se termine en apothéose. Again en fait parti (presque aussi bon que Starless de King Crimson…).
Un petit rappel, System, qui fini de nous achever. Chris se retourne dès lors qu’il entend ma voix de tête qui arrive à dépasser la puissance sonore des cris de la foule, des basses, des mecs bourrés du fond, et des 500 groupies en chaleur, mais ça, c’est déjà plus normal. J’entends comme une fausse note provenant du synthé de Darius Keeler (leader du groupe), qui n’en fini plus de secouer sa tête sur les rythmes frénétiques d’un System up tempo à faire danser un paresseux neurasthénique.
Et le concert se termine, je n’en finis plus de suinter le Archive dans mon pauvre zoli-t-shirt-acheté-à-un-concert, et je me dis que cette journée fut vraiment incroyable. Je me trompais, car elle était loin d’être terminée…

23h. Nous sortons de la salle, tous dégoulinants (signe d’un concert réussi). Et nous échangeons nos impressions sur ce que nous venons de vivre. Chris s’éloigne, et va faire un tour derrière la salle. Tina et moi échangeons quelques mots. Elle me raconte comment elle les a rencontré la première fois en Grèce, puis en Irlande, en Allemagne bien sûr. Je bave, j’aime les jolies histoires. Puis Olivier nous rejoint, tout fou d’avoir eu son « Numb » (je l’ai observé pendant le morceau, je crois bien qu’on était les deux seuls à sautiller partout !).

23h30 Chris revient avec un plan en main : « J’ai papoté un peu avec leur manager, ça fait plaisir de le revoir ! Il m’a filé un plan pour les rejoindre en ville dans un bar, la Mangrove, vous connaissez les gars ? On y va ! »
Et là, j’hallucine, je m’apprête à faire l’after du concert avec Archive… On saute tous dans la voiture, et c’est parti.

0h15 Après avoir un peu galéré, on arrive enfin devant le bar en question. « C’est bien là ? » « Ouais ouais, c’est la Mangrowwe ! » me répond Chris avec son charmant accent. Nous entrons fébrilement. Nos yeux sont à l’affût, il y a beaucoup de monde. « C’est pasla chanteuse là ? » « Si si, c’est Maria ! Hey, hello Maria ! ». Chris lui claque la bise. Tina le suit. J’avale ma salive. « Merci pour votre concert, c’était vraiment exceptionnel, un des meilleurs concerts que j’ai jamais fait ! » (oui, c’est vrai, ils avaient un excellent son, bien meilleurs que tous leurs précédents concerts. Pensée qui a été confirmée par la suite lors de quelques discussions avec Chris et Tina). « Merci pour tous, et j’espère à très bientôt ! ». Maria est du genre timide, et ça les rend encore plus attachants.
Tina me raconte que c’est la première fois qu’elle rencontre Maria, car d’habitude, après les concerts, elle va viote se coucher, pour préserver sa voix. Mais apparemment, ça devait être une occasion spéciale ce soir…
Nous descendons dans l’autre salle, et nous voyons tout le monde. Darius et Steve (le guitariste) viennent nous dire bonsoir et nous expliquent qu’ils ont vraiment apprécié le concert du soir. Darius veut absolument nous offrir des bières (j’en reviens quand même pas, avec le recul, ça s’est vraiment passé comme ça !). On fait le tour, on dit bonsoir à tout le monde. On se sent un peu comme un cheveu sur la soupe, car ils sont là, entre potes, et on débarque de notre petite planète… Je me force à penser « ce sont des gens comme nous Ju, ils boivent de la bière entre potes, font la fête, tout ça… Sauf qu’ils font de la putain de bonne zik ! » La batteur drague quelques nénettes dans un coin. Les autres parlent un peu partout, semblent très pris. Bref une soirée entre potes classique, mais avec le groupe qui vient de te faire transpirer pendant deux heures.

1h. Darius revient avec les bières. Il s’excuse, il y avait du monde au bar. Je m’excuse pour lui, et le remercie pour se rendre disponible. Il m’explique que c’est normal, qu’il apprécie beaucoup de passer du temps à échanger avec les fans, que ça fait parti de leur inspiration, et que ça fait toujours plaisir, quoi qu’on puisse en penser.
Et là, il me lance quelque chose dont je me souviendrai encore longtemps « t’avais pas de barbe la dernière fois qu’on s’est vu, si ? ». Comme je le racontais plus haut, j’avais déjà rencontré le groupe à Paris, pendant quatre heures dans un petit café parisien. J’hallucine un peu qu’il puisse se souvenir de moi alors que j’ai du mal à retenir ne serait-ce que les prénoms de mes collègues au taf. Bref, je suis un peu hébété, je lui lance tant bien que mal un faible « oui ». Il m’explique alors qu’il avait été ravi de rencontrer ces quelques fans pendant le mixage de leur dernier album à Paris. Toujours un peu sonné par l’impressionnante mémoire de Darius, je continue la discussion sur justement celles que l’on avait abordés à Paris. Leur prochain album, la production, les concerts, leurs films préférés, leurs impressions en concert… Bref, vraiment de tout.
Je dis à Darius que j’ai trouvé le concert excellent, mais qu’à un moment, vers la fin, le clavier sonnait un peu faux. Il prend sa tête dans ses mains, et m’explique : « C’est assez embarrassant, car c’est très stupide ! En fait, pendant que je jouais, je me donnais vraiment à fond. Tellement à fond que je suais comme pas possible (je n’étais donc pas le seul…). Une goutte de sueur a dû tomber sur le clavier, se glisser à l’intérieur et créer un faux contact entre deux touches, ce qui faisait que quand j’appuyais sur un note, le clavier en jouait deux. D’ailleurs, on a annulé le second rappel pour ça, c’était pas possible de jouer avec un instrument qui sonnait faux… ».
Ou comment niquer un rappel avec une goutte de sueur… Grrr !!!
Puis il s’excuse une nouvelle fois, pour aller parler avec d’autres personnes, il me refait la bise et s’éloigne.

2h Nous continuons notre petit tour, mais je suis un peu terrorisé à l’idée de leur parler… Du coup, je prend mon courage à deux mains, et je vais voir Pollard (un des chanteurs, celui qui a les beaux yeux bleus…). On papote juste vite fait, car Chris et Tina se sont proposé de nous raccompagner. De toute façon, on avait pas envie de trop traîner, on ne veut pas non plus trop s’imposer dans ce genre de situation. On dit juste qu’on a vraiment apprécié leur concert, et qu’on avait hâte de les revoir au Zenith à Paris, leur premier « gros » concert devant 8000 personnes venus rien que pour eux… Pollard me dit qu’il est un peu stressé à cette idée, mais qu’il va se donner à fond, et faire en sorte que ce concert soit fantastique.
Nous disons donc au revoir à tout le monde, et quittons les lieux… Chris et Tina nous raccompagnent chez nous, et on se dit au revoir, à une prochaine fois. Ma tête est encore pleine de jolies rêves, je vais avoir le sourire pendant au moins une semaine. Je me dis que j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir parler avec le groupe que j’admire depuis maintenant pas mal d’années. Que peu de personnes ont cette chance de pouvoir réaliser ce genre de rêve, et que, même réalisé, ça leur confère une dimension plus humaine, pas du tout frustrante, au contraire. La musique s’en trouve beaucoup plus accessible quelques part, les choses et les perceptions en sont totalement modifiées.

Fin de la belle journée. Ça fait un peu Fan 2, mais je me dis que je m’en fous, que j’ai pu avoir des discussions très intéressantes avec le groupe, et qu’ils sont très accessibles malgré leur notoriété grandissante.

Avez-vous déjà vécu quelque chose de similaire ? Une journée, une rencontre avec un artiste/groupe que vous admirez ?

[Tendance] Les covers ! Ou la valorisation intrinsèque de la musique post-moderne.

- « Mé ké ki di ??? » - Rien rien, retourne te coucher, c’est juste un titre pour me la péter.

Elles sont partout ! Elles nous envahissent ! Quoi donc ? Les covers pardi ! Qu’est-ce qu’une cover ? Pour les anglophobes, il s’agit tout bêtement d’une reprise. Simplement, il ne s’agit plus de reprendre l’orchestration originale, et de chanter par dessus. Non non non ! Les yéyés, c’est terminé hein ! Je ne vais pas vous faire un historique complet des reprises, ça prendrait bien trop de place, et puis wikipédia est aussi fait pour ça. Je vais juste vous faire partager quelques petites remarques qui me sont venues par simple constat.

Les années 80 à 2000 ont vu l’apparition d’un nouveau genre de reprises, et plus particulièrement ces derniers temps, où il est bien vu de se réapproprier une chanson, bien souvent un tube à sa sauce, histoire soit de se faire connaître, soit de mettre en valeur son univers musical.

Premier constat : à la télévision. La pub utilise ce principe à donfitude ! (Dop : « Walk liiiiike an egyptiaaaaan ») histoire de vous familiariser, de vous mettre en confiance pour mieux donner une identité au produit (comment ça je suis parano ?!). Des émissions comme Taratata invitent des artistes à se produire, et à reprendre un morceau bien souvent mythique de l’histoire du rock Des émissions comme Paris Dernière ont une BO particulièrement recherchée, uniquement constituée de reprises dîtes « décalées » (mes préférées). Cette BO est réalisée par Béatrice Ardisson, qui a entamé une collection de « tribute » avec des albums de reprises de Claude François, ou plus récemment de David Bowie. Les producteurs ne manquent pas de surfer sur la vague, et un mec comme Julien de la Nouvelle Star est du pain béni pour ces crevards (ses reprises des Bêtises, et de Moi Lolita sont très appréciées…).

Deuxième constat : les groupes eux-même. Comme je le disais en titre, nous sommes en pleine phase « post-moderne ». Qu’est-ce que ça veut dire ? En gros (très gros hein), en faisant du vieux, avec du vieux, ça créé quelque chose de nouveau. Une sorte de déconstruction raisonnée de l’histoire de la musique en général, et de la pop music en particulier. Exemple ? Le groupe allemand The BossHoss reprend que des tubes rock et pop avec un style country très péchu ! Je pense aussi à The Moog Cookbook, groupe concept en lui-même, puisqu’il réutilise le style moog (fameux synthé vintage analogique qui a fait des heureux dans les 70’s) pour reprendre des morceaux pop rock très connus, et ce, d’une façon aussi barrée qu’un Pierre Richard tourné à Bollywood. Ou encore Señor Coconut, sorte de big band bossa nova qui n’hésite pas torturer les plus grands standards rock pour mieux nous faire secouer le popotin. Bien sûr, on ne peut les écouter qu’au second degrés, tant le fossé entre l’original et la réorchestration est immense…

Pis y a des mecs qui font des reprise à tout va, et qui sont très doués pour ça. Là je citerais en vrac Joe Cocker, Marilyn Manson, Jimmy Hendrix (si si, il en a fait plein !)… Je détaillerai un peu plus bas mes « chouchous » pour que vous puissiez vous en faire une meilleure idée. Et aussi les reprises parodiques, comme les Bidochons, le 6/9, Cauet, ou Explosion de Caca (je surkiffe). Mais elles sont moins intéressantes quelque part, car très convenues, sauf peut-être pour EDC qui se rapproche des groupes évoqués plus haut. (Maya L’abeille version métal, fallait oser !).

Pourquoi mélanger tous ces genres ? La réponse est évidente : pourquoi pas ? Nous sommes à une époque où tous les métissages sont permis, et plus particulièrement dans les milieux artistiques, qui cherchent de nouvelles possibilités d’expression. Les reprises ne sont pas nouvelles (Comme d’Habitude – My Way) mais elles n’ont jamais été aussi nombreuses et créatives. Elles sont la marque d’une époque où la ré appropriation d’un patrimoine, et l’inscription culturel ne se fait que plus grand car, paradoxe du village monde, le manque de repaires induit une forte demande de modèles. Mais ça sera l’affaire d’une propa… ou pas !
Rien que pour vous, gentils paranoïaques RCKiens, et pour votre Bonheur surtout, je vous ai facilité la tache en faisant une petite compile via Radio Blog pour vous permettre d’apprécier les quelques perles de ma collection (j’appelle ça le coup du chapelet), et surtout vous faire découvrir mes chouchous si vous ne les connaissez pas déjà !

The BossHoss : Imaginez une country bien péchue (je vous entend déjà dire buuurk, non non non !) qui sent bon le ch’wal, les bottes en cuir, et la bière (le groupe est allemand hein !). Je ne vous l’(ai pas mis, mais la reprise de Toxic de Britney Spears est énorme.
Señor Coconut : Voilà le tableau. On est à Cuba, et une troupe de clones de Isaac sorti tout droit du Pacific Princess vous fait des remakes de standards rock à la George de la Jungle. Grandiose.
Et enfin, mes préférés, The Moog Cookbok, où l’art de replonger dans une BO d’un film de Francis Veber avec LSD en intraveineuse, orgues de barbarie, et incrustes de Ravi Shankar. Et tout ça en un morceau ! Ils sont fous ! J’adore.

Et vous, vous appréciez ce genre de reprises (oui c’est vrai, les originaux sont mieux, quoi que…) ? Si oui, lesquelles ? (n’hésitez pas à faire péter les liens radio blog !)
Que pensez vous de cette tendance des reprises en général ?

À vous !

[Humeur] Possessivité, égoïsme, et rock indépendant.

Il fait beau, le soleil brille, et votre curiosité vous anime. Vous avez envie de nouvelles choses, de partir en terrain inconnu, de nouvelles mélopées chaloupées pour vous ravir les tympans. Alors vous furetez. Médiathèque, disquaire, obscurs myspace. Et là vous trouvez LA perle, la musique qui vous parle, qui a été faite pour vous. Vous vous l’appropriez. Métro, ballades, parc, salle de bain, elle est partout autour de vous. Et vous vous sentez bien, parce que cette musique, personne ne l’avait vraiment écoutée avant vous.

Dès lors, tout un univers se créé, on a envie d’en savoir plus sur les musiciens, leurs inspirations, leurs travaux. On a envie que cette musique reste intime, que personne d’autre ne l’écoute. Garder un petit côté underground, comme si le fait que quelqu’un d’autre puisse l’apprécier allait la « salir ».

Bien sûr, un dilemme se pose. On a envie que cette musique soit partagée, écoutée par le plus grand nombre, car la musique gagne a être appréciée. Simplement, le fan de base dira « ouais, moi j’écoute que de l’indépendant, quand c’est trop connu, c’est naze ». Le genre de réflexion à vous faire hérisser les poils de la raie. On en arrive à des paradoxes assez amusants du genre « avant, quand ils étaient pas connu, c’était bien, maintenant que c’est connu, c’est à chier ».
Pourquoi ???

Pourquoi un groupe perdrait-il de sa créativité sous prétexte qu’il a signé dans une grande major ?

Pourquoi cette musique ne serait-elle plus aussi intime parce qu’elle serait en tête de gondole chez Leclerc ?

Bien sûr, on a un ti pincement au cœur quand on sent un groupe monter, un groupe qu’on avait découvert par hasard, et qui est de plus en plus apprécié. Pourquoi ? Ça ne devrait même pas nous faire chier autant, après tout, la musique reste la même. Ce qui est le plus emmerdant, c’est que ça puisse nous toucher autant, ça ne le devrait pas ! Peut-être parce que la musique est alors éparpillée, comme dissoute dans la masse, dans laquelle on fait parti. Peut-être simplement parce que nous sommes des putains d’élitistes de merde. Peut-être parce que l’on s’est senti supérieur à un moment donné, mais que la vacuité de cette sensation n’a d’égal que l’exaltation que l’on a pu ressentir dès les premières notes jouées…

Qu’en pensez-vous ? Vous êtes vous déjà approprié une musique ?

Quel genre de réaction avez-vous eu ?

Faîtes-nous partager votre point de vue…

[Découverte] Ween, « mais qu’est-cé qu’ce truc ? »

Parfois, on a du mal à choisir entre Franky Vincent ou les Pink Floyd. Ou alors on se demande bien ce que ça donnerait si on croisait Genesis, Spinal Tap, et Richard Clayderman. Et bien Ween, réalise tout ça pour notre plus grand Bonheur. Bien sûr, ça ne serait que trop réducteur que de les cantonner au genre Comic Rock (si, si, ça existe…). Voilà pourquoi je vais tenter de vous faire découvrir (si vous ne connaissez pas déjà…) ce groupe qui m’a mis une grosse baffe dans la gueule et a botté le train à ma définition de l’éclectisme.

Le groupe est constitué du duo Gene et Dean Ween, formé en 1980 à New Hope. D’autres musiciens se greffent bien sûr au noyau dur, mais ce sont les « têtes pensantes » (sic !) qui s’occupent véritablement de la composition des albums. Influencés pop/rock, ils débutent leur carrière avec l’album « God, Ween, Satan : the Oneness », très stupide, il faut bien l’avouer (imaginez un enfant de cinq ans qui découvre une guitare et un sampler…). Le ton est donné.

L’opus suivant est déjà plus intéressant. « The Pod », sorti donc en 1991 pose les bases de la marque de fabrique du groupe : des guitares, des boîtes à rythme, des voix déformées, et beaucoup de drogues. On remarquera d’ailleurs que la pochette est une parodie de celle du best of de Leonard Cohen sorti en 75, sauf qu’à la place de Lolo, on retrouve le bassiste avec un masque-bong… Classe !

Ween est du genre productif, très productif… Je ne vais pas vous détailler l’ensemble des sorties mais pour vous donner un ordre d’idée, ils écrivent généralement 200 morceaux pour un album, en enregistrent 80, et en gardent une vingtaine… Et éclectique, donc. Lorsque vous écoutez un de leurs albums, plusieurs propositions s’offrent à vous :
- C’est quoi cette compile à deux balles ?
- C’est quoi cette merde ?
- C’est quoi cette compile de merde à deux balles ?
Ween fait de la musique que l’on déteste, mais c’est tellement bien foutu qu’on les trouve attachants. Sur l’album « Pure Guava » (1992), ils s’essayent à de la calypso guimauve au ragga déjanté en passant par le slow 80’s comme on peut en trouver dans la BO de Top Gun.
Mais de vrais perles existent, et c’est ce qui est le plus étonnant certainement, car ça vous place dans une situation assez particulière du genre « ah ouais, mais ils sont bons en fait… ». Je pense au merveilleux Buckingham Green sur « The Mollusk » (1997) que n’aurait pas renié un Peter Gabriel, ou encore Captain sur « Quebec » (2003) ou Did You See Me ? sur « Shinola, vol. 1 », à mi chemin entre les Doors et Pink Floyd.

En live, Ween libère une énergie incroyable. Par ailleurs, de nombreux enregistrements ont été fait sur différents supports (cd-dvd pour le Live à Chicago (2004), téléchargements gratuits sur le net pour Paintin’ The Town Brown (1999) ). Les enregistrements pirates, officiels, non officiels sont tellement nombreux qu’en 2000, le groupe lança une webradio diffusant 24/24h, 7/7j des morceaux de Ween. Ça va du bootleg pourri à l’obscur morceau sur un EP introuvable. (liane en fin de propa.).

Je passe sur les différentes sorties donc pour vous laisser quelques surprises, mais je terminerai en évoquant leur dernier EP sorti il y a quelques jours (juillet 2007 donc) intitulé The Friends EP. Ils le définissent comme « l’album idéal pour toute vos soirées entre amis, vos barbecue et vos mariages. » Hum ! Ça va de l’eurodance 90’s au slow simili Glenn Medeiros… Que du Bonheur !!!

Voici donc quelques lianes pour retrouver Ween sur la toile.

http://www.ween.com/ <- Leur site officiel, avec un fuck qui se lève progressivement comme chargement.
http://myspace.com/ween <- Comme son nom l’indique.
http://www.ween.net/ <- Un site de fan très bien conçu.
http://www.weenradio.com/ <- La webradio de Ween.
http://www.browntracker.net/ <- Un site de trackers torrent mis à disposition par le groupe pour télécharger des bootlegs.

N’hésitez pas à découvrir ce groupe, vous irez de surprise en surprise !

[Rêveries] Contes et Rêves : quand les singes à trois queues rencontrent les méduses volantes…

Arrêtez tout. Ici, pas de bling bling, clap clap, boum boum ou autres onanismes guitaréroèsques. Non, rien de tout ça. Il est rare qu’un premier album autoproduit puisse se targuer d’une réalisation aussi réussie, et pourtant… Vous entrez dans un monde à part, où l’onirisme vaporeux laisse souvent place à la puissance des mélodies. Ce monde, c’est celui de Kwoon. Je vais vous raconter l’histoire d’un coup de foudre musical, comme on aimerait qu’ils se produisent plus souvent dans une vie.

Tout a commencé en octobre 2005 avec un petit mail que j’ai ouvert un beau matin d’oisiveté à la fac (pléonasme) intitulé : « K o o n ---> New french Post Rock Project ». Interloqué, et curieux, limite fébrile, j’ouvre le contenu du pourriel qui va changer ma vie. Je peux lire ces quelques phrases (traduites en français) :

«Bonjour tout le monde

Koon est un nouveau projet français de post-rock, proche de Sigur Rós, Radiohead, Explosions in the Sky... etc.

Vous trouverez quelques extraits du premier album sur le site..

Un forum a été mis en place, servez-vous en.

À très bientôt

www.koon-music.com

Si vous ne voulez pas recevoir cette lettre d'informations, écrivez un courriel à cette adresse "threetailedmokey@koon-music.com". Nous sommes désolé de vous déranger :(»

Rien qu’à la lecture de ce petit message, j’ai tout de suite compris que cette écoute ne sera pas sans conséquence. N’ayant pas la possibilité d’écouter les différents extraits mis à ma disposition, je décidais d’attendre le soir pour pouvoir enfin me plonger sérieusement dans une écoute attentive.

Je suis tombé amoureux. Et je pèse mes mots. J’ai été littéralement subjugué par la puissance onirique des mélodies. Un chant feutré, vaporeux sur une musique entre profondeurs abyssales et explosions atmosphériques, comme si les mots laissaient place à la rêverie abstraite d’un monde en déconstruction. (Je vous ai mis les extraits à disposition ici : http://www.badongo.com/file/2765128 )

Je décide donc d’écrire un mail pour en savoir plus. Oui. Quand on aime une musique, on veut toujours en savoir plus, qui sont les auteurs, ce qu’ils produisent, leurs influences, comme pour partager ce sentiment d’intimité et de symbiose que l’on peut avoir avec une musique qui nous touche autant. J’apprends au fil des lettres et des semaines qu’il s’agit d’un projet d’un one-man band, qu’il a travaillé très dur pour réaliser son rêve, et que celui-ci allait enfin se concrétiser. Les mois passent, ma frustration augmente (pas de nouveaux extraits à me mettre entre les oreilles), Koon change de nom pour devenir Kwoon (Koon a une connotation fortement péjorative en anglais, puis qu’il ressemble fortement au mot « coon » qui pourrait se traduire par « négro »:/). Les messages continuent, une certaine complicité se créé entre les musiciens et moi, mon enthousiasme les dépassant totalement (je leur ai même envoyé quelques illustrations que leur musique m’inspirait).

Puis vient un autre soir fantastique, presque un an plus tard. Ça y est, « Tales & Dreams » est enfin en vente sur le site du groupe. Quelque jours plus tard, je reçois enfin l’objet tant convoité, plus ceci :

Je souris, je ne m’y attendais pas. J’ouvre doucement le boîtier . Je découvre avec émerveillement que chaque titre possède sa propre illustration (chose très rare dans le monde la musique, encore plus rare pour des autoproduits). La réalisation du livret et des illustrations du cd est à l’image de celle de l’album : extrêmement travaillée et léchée, chaque image semble sortir de l’imagination d’Edgar Poe ou de Tim Burton. Je referme vite le livret, car je ne veux pas que le moindre indice délivré par celui-ci ne gâche d’éventuelles surprises lors de l’écoute du disque. Je me pose au calme, mon casque sur les oreilles, et j’appuie sur play.

On entre délicatement dans cet univers dès la première piste : comme une Intro-spection dans des lieux au delà de toute convenance. Le piano et la voix feutrée, comme un narrateur bienveillant (I Lived on the Moon), nous aide à plonger dans ce nouveau monde peuplé de créatures étranges (The Beast, Eternal Jellyfish Ballet) et de paysages somptueux, éclatants et lumineux (Tinklëh, Kwoon). Différents noms me viennent à l’esprit pour essayer de rapprocher cette musique de groupe que j’apprécie, je pense à Sigur Rós bien sûr, mais aussi à Explosions in the Sky, Mogwai, Syd Matters, Sebastien Schuller, Kaolin, Oceansize, Pink Floyd…

Je ne vais pas vous faire une chronique détaillée de l’album, vous trouverez des critiques très bien écrites dans la section Press du site du groupe. Simplement, je voulais vous faire partager cette petite aventure, une invitation au voyage, peut-être un moyen pour vous de découvrir qu’on peut faire de la musique autrement, et partager cela avec des personnes qui sauront apprécier. Un peu de rêve dans ce monde pragmatique, j’en avais besoin.

Kwoon, premier album autoproduit « Tales & Dreams » uniquement sur le site internet du groupe.

Quelques lianes :

http://www.kwoon-music.com

http://myspace.com/kwoonmusic

http://www.last.fm/music/Kwoon

Kwoon en live au FallenFest Festival : Eternal Jellyfish Ballet : http://www.youtube.com/watch?v=sPou3d9CJ-g

Kwoon on the Moon (teaser) : http://www.youtube.com/watch?v=zStp3WzMKMA

Clip de I Lived on the Moon : http://www.youtube.com/watch?v=xTysF1E4Ft0