Arrêtez tout. Ici, pas de bling bling, clap clap, boum boum ou autres onanismes guitaréroèsques. Non, rien de tout ça. Il est rare qu’un premier album autoproduit puisse se targuer d’une réalisation aussi réussie, et pourtant… Vous entrez dans un monde à part, où l’onirisme vaporeux laisse souvent place à la puissance des mélodies. Ce monde, c’est celui de Kwoon. Je vais vous raconter l’histoire d’un coup de foudre musical, comme on aimerait qu’ils se produisent plus souvent dans une vie.
Tout a commencé en octobre 2005 avec un petit mail que j’ai ouvert un beau matin d’oisiveté à la fac (pléonasme) intitulé : « K o o n ---> New french Post Rock Project ». Interloqué, et curieux, limite fébrile, j’ouvre le contenu du pourriel qui va changer ma vie. Je peux lire ces quelques phrases (traduites en français) :
«Bonjour tout le monde
Koon est un nouveau projet français de post-rock, proche de Sigur Rós, Radiohead, Explosions in the Sky... etc.
Vous trouverez quelques extraits du premier album sur le site..
Un forum a été mis en place, servez-vous en.
À très bientôt
www.koon-music.com
Si vous ne voulez pas recevoir cette lettre d'informations, écrivez un courriel à cette adresse "threetailedmokey@koon-music.com". Nous sommes désolé de vous déranger :(»
Rien qu’à la lecture de ce petit message, j’ai tout de suite compris que cette écoute ne sera pas sans conséquence. N’ayant pas la possibilité d’écouter les différents extraits mis à ma disposition, je décidais d’attendre le soir pour pouvoir enfin me plonger sérieusement dans une écoute attentive.
Je suis tombé amoureux. Et je pèse mes mots. J’ai été littéralement subjugué par la puissance onirique des mélodies. Un chant feutré, vaporeux sur une musique entre profondeurs abyssales et explosions atmosphériques, comme si les mots laissaient place à la rêverie abstraite d’un monde en déconstruction. (Je vous ai mis les extraits à disposition ici : http://www.badongo.com/file/2765128 )
Je décide donc d’écrire un mail pour en savoir plus. Oui. Quand on aime une musique, on veut toujours en savoir plus, qui sont les auteurs, ce qu’ils produisent, leurs influences, comme pour partager ce sentiment d’intimité et de symbiose que l’on peut avoir avec une musique qui nous touche autant. J’apprends au fil des lettres et des semaines qu’il s’agit d’un projet d’un one-man band, qu’il a travaillé très dur pour réaliser son rêve, et que celui-ci allait enfin se concrétiser. Les mois passent, ma frustration augmente (pas de nouveaux extraits à me mettre entre les oreilles), Koon change de nom pour devenir Kwoon (Koon a une connotation fortement péjorative en anglais, puis qu’il ressemble fortement au mot « coon » qui pourrait se traduire par « négro »:/). Les messages continuent, une certaine complicité se créé entre les musiciens et moi, mon enthousiasme les dépassant totalement (je leur ai même envoyé quelques illustrations que leur musique m’inspirait).
Puis vient un autre soir fantastique, presque un an plus tard. Ça y est, « Tales & Dreams » est enfin en vente sur le site du groupe. Quelque jours plus tard, je reçois enfin l’objet tant convoité, plus ceci :
Je souris, je ne m’y attendais pas. J’ouvre doucement le boîtier . Je découvre avec émerveillement que chaque titre possède sa propre illustration (chose très rare dans le monde la musique, encore plus rare pour des autoproduits). La réalisation du livret et des illustrations du cd est à l’image de celle de l’album : extrêmement travaillée et léchée, chaque image semble sortir de l’imagination d’Edgar Poe ou de Tim Burton. Je referme vite le livret, car je ne veux pas que le moindre indice délivré par celui-ci ne gâche d’éventuelles surprises lors de l’écoute du disque. Je me pose au calme, mon casque sur les oreilles, et j’appuie sur play.
On entre délicatement dans cet univers dès la première piste : comme une Intro-spection dans des lieux au delà de toute convenance. Le piano et la voix feutrée, comme un narrateur bienveillant (I Lived on the Moon), nous aide à plonger dans ce nouveau monde peuplé de créatures étranges (The Beast, Eternal Jellyfish Ballet) et de paysages somptueux, éclatants et lumineux (Tinklëh, Kwoon). Différents noms me viennent à l’esprit pour essayer de rapprocher cette musique de groupe que j’apprécie, je pense à Sigur Rós bien sûr, mais aussi à Explosions in the Sky, Mogwai, Syd Matters, Sebastien Schuller, Kaolin, Oceansize, Pink Floyd…
Je ne vais pas vous faire une chronique détaillée de l’album, vous trouverez des critiques très bien écrites dans la section Press du site du groupe. Simplement, je voulais vous faire partager cette petite aventure, une invitation au voyage, peut-être un moyen pour vous de découvrir qu’on peut faire de la musique autrement, et partager cela avec des personnes qui sauront apprécier. Un peu de rêve dans ce monde pragmatique, j’en avais besoin.
Kwoon, premier album autoproduit « Tales & Dreams » uniquement sur le site internet du groupe.
Quelques lianes :
http://www.kwoon-music.com
http://myspace.com/kwoonmusic
http://www.last.fm/music/Kwoon
Kwoon en live au FallenFest Festival : Eternal Jellyfish Ballet : http://www.youtube.com/watch?v=sPou3d9CJ-g
Kwoon on the Moon (teaser) : http://www.youtube.com/watch?v=zStp3WzMKMAClip de I Lived on the Moon : http://www.youtube.com/watch?v=xTysF1E4Ft0
1 commentaire:
En faisant un petit tour sur internet, voila que je retombe sur ton article... que je n'avais pas lu en entier quand tu m'avais donné le lien -j'avoue-(je ne sais pas si tu t'en souviens, tu sais, la fan de kwoon émerveillée de ton amitié avec ses membres...).
Et là donc, je retombe dessus comme par hasard et je le lis d'une seule traite. Un seul mot : merveilleux ! Tu décris magnifiquement bien les émotions que transporte cet album et ce groupe...tout en poésie aérienne, flottante... donc voilà, je ne sais pas si tu repassera sur cette page un jour mais tu aura un com' d'une fan de kwoon et de ton écriture pour décrire leur musique ! ;) see you
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